Gestion durable de l’eau et des forêts dans la Tshopo : deux ONG belges à la recherche de partenariat et d’axes d’intervention

Gestion durable de l’eau et des forêts dans la Tshopo : deux ONG belges à la recherche de partenariat et d’axes d’intervention

DR Congo - 18 mai, 2021

Les forêts et l’eau sont indispensables aux équilibres climatiques et écosystémiques et à la vie. Or, dans la province de la Tshopo, zone très forestière, la quasi-totalité des populations rurales en dépendent totalement pour leur subsistance. Se pose alors la question de leur gestion durable qui garantisse la disponibilité des ressources forestières et halieutiques pour les générations actuelles et futures. Certes, la conservation s’impose tout naturellement, mais s’assurer que cette conservation représente un bénéfice substantiel concret pour les populations forestières et qu’elle contribue significativement à l’amélioration des conditions de vie des peuples qui vivent et dépendent des forêts. Là se trouve le cœur de la mission de Tropenbos : mettre le savoir au service de l’homme et des forêts, notamment à travers une gouvernance plus efficace et inclusive des ressources naturelles et forestières.

C’est ainsi que Tropenbos a facilité la mission de deux ONG belges, Join for Water et Bos Plus, en quête de partenariat, des zones et axes d’intervention dans la Tshopo. Il s’est agi pour ces associations d’explorer durant plus d’une semaine les possibilités de partenariat et d’interventions dans la Tshopo dans le cadre d’un programme quinquennal de protection des forêts et des eaux. Ils ont mené des visites et des rencontres avec les autorités et administrations publiques, les populations locales, les organisations de la société civile environnementales, les universités et institutions de recherche ainsi des entreprises privées tant dans les bureaux que sur les sites d’intervention : gouvernement provincial, Tropenbos RD Congo, , Université de Kisangani, Centre de Surveillance de la Biodiversité, le CIFOR, Enabel, la CFT, la Busira Lomami, les communautés locales Bambaka de Bapondi et de Bafwamogo ainsi que les Barumbi-Tshopo, entre autres ont échangé avec la délégation de haut de niveau de ces ONGs belges. Cette délégation était constituée de Monsieur Bart Dewaele, Directeur de Join for Water, deMonsieur Bert De Somviele et de Madame Isabelle Vertriest respectivement Directeur et Consultante de Bos+. Du 12 au 19 avril 2021, en pleine crise sanitaire de corona virus, la délégation a pu visiter tous ces organismes en compagnie du Directeur et de la Coordonnatrice scientifique de Tropenbos RD Congo, nommément Monsieur le Professeur Alphonse Maindo et Madame Sagesse Nziavake.
Dès son arrivée à Kisangani, la délégation belge s’est aussitôt mise au travail malgré le retard de plus de deux heures de son avion. Au menu de la première journée, un entretien avec le gouverneur de Province de la Tshopo, Monsieur Louis-Marie Lufungula, un briefing de la mission avec la direction de Tropenbos, etc. Puis, les deux jours suivants ont été consacrés à la visite des activités de terrain de Tropenbos sur l’axe Ituri. Les hôtes belges ont d’abord visité les pépinières de cacaoyer et de palmier à huile installées aux PK 21 et 26 dans le cadre des activités du projet PIREDD-O exécuté par Tropenbos en consortium avec 5 autres ONG (ADRE, APILAF, CEREPSAN, GTDE, CARITAS-Développement Isangi) dont elle est le lead en partenariat avec PNUD sur financement des fonds CAFI à travers le FONAREDD. A ce sujet, la délégation s’est réjouie de l’état d’entretien des pépinières et a félicité Tropenbos RD Congo pour l’initiation des communautés locales à la pratique des cultures pérennes et à l’agroforesterie qui vont contribuer à la fois à l’amélioration des revenus des communautés et à l’atténuation des effets du changement climatique (à travers notamment la séquestration du CO2).

Visite CFCL_rogné okok.jpg

En plus, Bart, Bert et Isabelle ont également visité, en compagnie du staff de Tropenbos RD Congo, les trois concessions forestières des communautés locales (CFCLs) attribuées à titre perpétuel et gratuit grâce à l’appui de Tropenbos RD Congo dans le cadre du programme Green Livelihoods Alliance (GLA). A part la visite en forêts et des points d’eau, ils ont eu des séances de travail avec les communautés membres de chacune de ces 3 CFCLs (Barumbi-Tshopo, Bambaka de Bapondi et Bambaka de Bafwamogo). Lors de ces échanges, les communautés réconfortées par cette visite ont fait part à leurs hôtes de certains défis auxquels elles font face notamment le manque d’écoles pouvant faciliter la formation d’une élite locale, le déficit en soins de santé de qualité causé par l’absence d’une structure sanitaire viable dans le milieu, la carence en eau potable et l’éloignement des sources d’eau des lieux de résidences. Concernant la construction des écoles et salle de réunion, elles ont d’abord remercié Tropenbos RD Congo pour l’appui en presses à briques et ont exprimé leur besoin d’avoir une scie mobile pour avoir des planches nécessaires à la production du bois d’œuvre, tant pour la fabrication des meubles et de construction des bâtiments que pour l’exploitation durable. Quant à l’exploitation forestière artisanale, les formations dispensées par Tropenbos RD Congo leur ont permis de renoncer à la vente des arbres sur pied et d’augmenter le contrôle dans la concession pour barrer la route aux exploitants illégaux.

Séance de travail rogné rédy.jpg

La journée du 15 avril 2021 a été consacrée à des activités dans la ville de Kisangani : visite et séance de travail avec le staff et le conseil d’administration de Tropenbos, l’Université de Kisangani (Faculté de sciences, faculté de gestion des ressources naturelles renouvelables, CSB), OCEAN (organisation concertée des écologistes et amis de la nature), ENABEL, le CIFOR et la CFT. Avec le staff Tropenbos, la délégation de Join for Water et Bos Plus a pu s’imprégner de divers programmes et projets qu’exécute cette organisation notamment : Green Livelihoods Alliance 2.0 (GLA2.0) et Working Landscape (WL) entièrement financés par le gouvernement néerlandais ; PIREDD-Oriental en partenariat avec le PNUD ; et PROFEAAC avec le CIFOR. Les délégués de ces ONG belges ont saisi de cette opportunité pour s’informer sur les rouages administratifs et financiers au niveau du staff, de la chaîne des dépenses, les mécanismes de contrôle de gestion des finances et l’autonomie budgétaire de cette organisation ainsi que le recours ou non à l’expertise externe pour le renforcement des capacités des acteurs forestiers. A l’issue de ces échanges, la délégation a salué les efforts de Tropenbos RDC pour améliorer la gouvernance forestière et accompagner les communautés locales dans la foresterie communautaire (3 CFCL reconnues avec près de 90000ha des forêts et 10 autres CFCL en cours de reconnaissance).
Enfin, la délégation de Join for Water et Bos+, accompagnée du staff de Tropenbos RD Congo, a visité les activités de la Compagnie Forestière de Transformation (CFT) à Kisangani, celles de CIFOR à Yanonge et Yangambi pour finir avec celles de de la Busira Lomami à Isangi. Elle a admiré à juste titre les activités piscicoles et sylvicoles de CIFOR sans oublier le séchage artisanal du bois d’œuvre. La transformation forestière locale et la valorisation des autres espèces ligneuses sur le marché international par la CFT ont attiré l’attention particulière des délégués de ces ONG belges qui, du reste ont apprécié positivement l’appui en plantules de palmier à huile que Busira Lomami accorde aux communautés locales et l’achat des régimes de noix auprès de la même communauté.
Avant de se rendre à Imbolu, site de la Busira Lomami, la délégation s’est entretenue avec l’Administrateur du Territoire d’Isangi sur les défis de son entité dans les domaines de l’environnement : l’eau potable, les inondations, les érosions, l’assainissement, etc.
Cette mission d’exploration a permis aux deux délégations de palper les réalités et priorités locales dans le secteur des eaux et des forêts dans la province de la Tshopo. Les différentes visites et séances de travail leur ont permis de s’imprégner des interventions de divers acteurs et balisent la voie à un partenariat éventuel entre ces ONG belges et un ou plusieurs acteurs étatiques, privés et/ou de la société civile actifs dans le secteur.