L’occasion fait le larron, la délégation de l’ambassade des Pays-Bas en RDC consulte la société civile environnementale, l’Université de Kisangani et les administrations publiques de la Tshopo sur les questions climatiques et forestières

L’occasion fait le larron, la délégation de l’ambassade des Pays-Bas en RDC consulte la société civile environnementale, l’Université de Kisangani et les administrations publiques de la Tshopo sur les questions climatiques et forestières

DR Congo - 27 avril, 2021

Les forêts sont aujourd’hui au cœur des préoccupations mondiales à tous les échelons (global, régional, national, local etc.). Plusieurs initiatives sont prises pour protéger ou, mieux, gérer durablement les forêts. Les partenaires techniques et financiers se concertent et unissent leurs efforts pour une action plus efficace. En RDC, ils sont réunis au sein du GIB environnement (Groupe Inter Bailleurs) qui fonctionne sous un modèle de présidence annuelle rotative.

Les forêts sont aujourd’hui au cœur des préoccupations mondiales à tous les échelons (global, régional, national, local etc.). Plusieurs initiatives sont prises pour protéger ou, mieux, gérer durablement les forêts. Les partenaires techniques et financiers se concertent et unissent leurs efforts pour une action plus efficace. En RDC, ils sont réunis au sein du GIB environnement (Groupe Inter Bailleurs) qui fonctionne sous un modèle de présidence annuelle rotative. Le 23 mars 2021, c’est le Royaume des Pays-Bas qui prenait la présidente tournante du GIB pour un an. En visite dans la province de la Tshopo à la veille de sa prise de fonction, la délégation de l’ambassade néerlandaise composée de la cheffe de mission adjointe et de l’attaché climat et développement (Marion Van Schaik et Léon Mulimbi), a profité de sa mission de suivi des activités et programmes financés par les Pays-Bas dans la région pour consulter les parties prenantes environnementales sur les défis et les opportunités dans le secteur forestier et environnemental. Les conclusions et observations de ces échanges informels devaient nourrir les initiatives néerlandaises à la présidence du GIB.
Avec l’objectif affiché de bien mener et réussir son mandat annuel à la présidence du GIB en RDC. Point n’est besoin de rappeler que la RDC possède à elle tout seul 60% des forêts du bassin du Congo et 10% des forêts mondiales. A ce titre, les forêts de la RDC jouent et devraient jouer un rôle majeur, après celles de l’Amazonie, aux équilibres climatiques globaux tout en contribuant à l’amélioration des conditions de vie des peuples des forêts. Recueillir les réalités de terrain auprès des acteurs concernés est une approche proactive et participative de prédilection pour une action efficace.
Au cours de cette mission, réalisée en pleine crise de COVID 19, Madame Marion Van Schaik, cheffe de mission adjointe de l’ambassade des Pays-Bas en RDC et Monsieur Léon Mulimbi, attaché climat et développement à la même ambassade ont eu des séances de travail avec la société civile environnementale, l’Université de Kisangani, la coordination de l’Environnement et le Fonds Forestier National. Ces échanges se sont déroulés les 16 et 17 mars 2021 en trois moments différents : d’abord avec les Organisations de la Société Civile Environnementale (OSCE), ensuite avec l’Université de Kisangani et enfin les services étatiques impliqués dans le domaine des forêts (Coordination provinciale de l’Environnement et Fonds Forestier National).

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La séance de travail avec la société civile environnementale a tourné autour des défis de la gouvernance des ressources naturelles dans la Province de la Tshopo. Seize OSCE ont pris part à cette activité, à savoir : Famille Innovatrice pour la Gouvernance artisanale (FIGA) ; Organisation Concertée des Ecologistes et Amis de la Nature (OCEAN) ; Organisation d’Accompagnement et Appui aux Pygmées (OSAPY) ; Observatoire Congolais de Gouvernance Locale (OCGL) ; Association pour la Promotion des Initiatives Locales en Afrique Forestière (APILAF) ; Solidaires et Organisés pour Sauver la Nature (SOS Nature) ; Synergie des Avocats pour le développement Durable (SADD) ; Action pour le Droit de l’Environnement et la Restauration des Ecosystèmes (ADRE) ; Groupe de Travail sur la Décentralisation et les Élections (GTDE) ; Centre de Recherches Politiques et Sociales en Afrique noire (CEREPSAN) ; Groupe de Travail Climat REDD Rénové (GTCRR) ; Laboratoire d’Ecologie du Paysage et Foresterie Tropicale (LEPAFORT) ; Dynamique des Femmes dans les Mines (DYFEM) ; Action pour la défense des Droits des peuples des forêts et de la Nature (ADN) ; Alliance des Ecologistes et Naturalistes AENA et Tropenbos RD Congo. Plusieurs questions ont été évoquées notamment celles relatives aux politiques nationales et à la vision des bailleurs de fonds dans le secteur de l’environnement.
Concernant les politiques, les principaux défis soulignés par les OSCE sont :
- L’incohérence entre les lois sectorielles portant sur les ressources naturelles (code forestier, loi foncière, loi portant protection de l’Environnement, code minier, loi sur la conservation de la nature, etc.) ;
- La non prise en compte par le code forestier des autres formes d’exploitation forestière (filière perche ou bois de construction, bois énergie, etc.).
- Le désintéressement dans la mise en œuvre des APV FLEGT et la faible application de la législation existante ;
- La faible sécurisation foncière des droits des femmes, communautés locales et peuples autochtones, etc.
Par rapport à la vision des bailleurs des fonds, bien des inquiétudes ont été exprimées notamment : la faible attention attachée aux écosystèmes aquatiques et pourtant aussi vulnérables aux perturbations que ceux forestiers ; la faible évaluation finale des retombées socio-économiques de certains projets financés par eux à l’instar des projets REDD+ et l’insuffisance des financements pour les projets en rapport avec l’exploitation minière artisanale ou la foresterie communautaire.
Ceci nécessite des plaidoyers et lobbyings à divers niveaux. Quant à ce, l’Attaché climat et développement de l’Ambassade des Pays -Bas a recommandé aux OSCE de formuler de petits messages succincts à faire parvenir à l’Ambassade via Tropenbos RD Congo.

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A l’Université de Kisangani, la très haute délégation de l’ambassade des Pays-Bas a échangé avec le Comité de gestion et avec les autorités de la Faculté des Sciences qui organisent des études en rapport avec l’environnement et la forêt. Au nombre ces études, figure la Formation des Masters en gestion de la Biodiversité et Aménagement forestier durable organisée en partenariat entre cette l’UNIKIS (Faculté des Sciences et Centre de Surveillance de la Biodiversité), le CIFOR et des universités étrangères sur financement de l’Union Européenne.
La séance de travail avec les services étatiques du secteur de l’environnement et des forêts a réuni autour d’une table la Coordination provinciale de l’Environnement, le Fonds Forestier National (FFN), la Cheffe de Mission adjointe et l’attaché climat et développement de l’ambassade des Pays-Bas. Elle a tourné autour des défis sur la gestion durable des forêts. A cet effet, les services étatiques ont évoqué plusieurs difficultés, entre autres : l’absence des financements pour réaliser les projets qu’ils ont conçus notamment ceux sur la foresterie communautaire et sur le reboisement des aires protégées dégradées (Masako, Yoko, Babakulu) ; le manque de fonds pour redynamiser la brigade du contrôle forestier ; l’insuffisance des financements des projets orientés vers la résolution des problèmes des communautés locales ; la faible collaboration entre les services techniques de l’Etat de ce secteur ; la non association du FFN à des projets sur les forêts.
Toutefois, les services étatiques ont salué les efforts de Tropenbos RD Congo dans le processus de foresterie communautaire qui ont abouti à l’attribution à titre gratuit et perpétuel des trois Concessions Forestières des Communautés Locales (CFCL). Certes, cette réalisation est louable mais reste insuffisante au vu de l’immensité du couvert forestier de la Tshopo et des intentions des communautés locales.

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Face aux difficultés évoquées, l’attaché climat et développement a suggéré aux services étatiques de concevoir des projets multi-acteurs (tous les services techniques de l’Etat du secteur des forêts et OSCE) pour maximiser les chances d’avoir les financements du fonds CAFI et ainsi résoudre les problèmes qui se posent dans le secteur.
Ces échanges s’inscrivaient bien dans le cadre des préparatifs du mandat du Royaume des Pays-Bas à la tête du Groupe Inter bailleurs des fonds sur le climat en RDC à partir du 23 mars 2021. C’est dans ce sens que l’ambassade néerlandaise en RDC mis à profit sa mission de suivi des programmes financés par le Royaume des Pays-Bas pour consulter les parties prenantes locales, souvent sans voix, sur les défis et les priorités dans ce secteur en vue de mieux orienter les bailleurs des fonds. Cette démarche empruntée par l’ambassade des Pays-Bas impulse un nouveau type de partenariat basé non pas sur des réflexions de bureau (qui paraissent souvent irréalistes), mais, au contraire, sur des réalités de terrain en vue de contribuer plus efficacement à la gestion durable des ressources naturelles.